Après quatre jours de réunions, débats et témoignages souvent bouleversants, le Sommet sur les violences sexuelles dans les zones de conflit a pris fin vendredi, 13 juin, à Londres, sur la promesse d’un protocole visant à mettre fin à l’impunité, même si son application sur le terrain reste très compliquée.

Les participants ont estimé avoir fait des progrès dans la poursuite des agresseurs et la protection des victimes, en particulier dans les pays en développement et les zones de conflit. Ils se sont également dits encouragés par l’afflux d’appuis internationaux. Les organisateurs ont affirmé que 155 pays ont signé une déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les zones de conflit et plusieurs, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont promis de fournir des fonds pour soutenir cette cause.

William Hague et Angelina Jolie ont reçu le soutien du Secrétaire d’État américain John Kerry, très impliqué à titre personnel dans ce combat en tant que vétéran de guerre et père de deux filles. "Il faut commencer par considérer le viol en temps de guerre comme un crime international majeur et plus seulement comme la conséquence inévitable de tout conflit", a déclaré John Kerry. "Il faut ensuite convaincre chaque gouvernement de refuser de servir de refuge à ceux qui ont commis ces actes infâmes. (…) Pourquoi maintenant ?", s’est-il interrogé au sujet de l’élaboration du protocole. "Parce que plusieurs milliers d’années après que le viol a été ajouté au dictionnaire pratique de la guerre, nous savons que le temps est venu de l’en exclure et de reléguer la violence sexuelle au Moyen-Âge et aux livres d’histoire, là où est sa place".

+ 52 photos | Humanitaire | 2014 | 13 juin - Sommet sur les violences sexuelles - Londres

"Pour moi, comme je pense pour beaucoup d’entre vous, ce Sommet a été une expérience riche en émotions. Nous nous sommes unis, sur la base d’une volonté commune de mettre fin aux violences sexuelles en zones de guerre, et avons étudié tous les domaines d’actions. Après ces quatre jours, nous savons exactement ce qu’il faut faire", a déclaré Angelina Jolie lors de son discours de clôture. "Nous devons faire appliquer le protocole international, de sorte à empêcher ces crimes et mettre fin à l’impunité. Nous devons placer les survivantes à la pointe de nos efforts – pas comme des victimes, mais comme des personnes inspirantes et résilientes qui peuvent nous guider vers les bons choix et décisions. Nous devons mettre en commun nos compétences et combler les lacunes dans nos lois et nos capacités. Je remercie tous ceux qui ont joué un rôle et ont partagé leur sagesse, des présidents aux professionnels sur le terrain. Mais notre travail ne fait que commencer. Le test auquel nous faisons face aujourd’hui est de savoir si nous pouvons faire la différence sur le terrain. Et nous devons agir de toute urgence. En ce moment même, il y a des milliers de personnes qui vivent dans l’ombre des violences sexuelles. Il existe des conflits où le viol est ouvertement incité. Alors que nous parlons, réunis ici, des jeunes vies sont ruinées par les violences sexuelles en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine. Pour ces personnes, les mesures que nous avons promises ne peuvent pas venir assez vite. Pour elles, l’impunité doit commencer dès maintenant", a-t-elle poursuivi. "J’espère que chacun d’entre nous, après avoir rencontré des survivantes ici, comprendra la véritable urgence de la situation. Nous ne pouvons plus plaider l’ignorance – nous savons ce qui est en jeu – et nous devons travailler pour mettre fin à l’impunité dans ces conflits. Pour ce faire, le viol dans les zones de guerre doit rester la priorité dans l’agenda international – pour le Conseil de sécurité, les organismes régionaux et dans la politique étrangère de chacun des pays réunis ici aujourd’hui. C’est à nous qu’il appartient de faire bouger les choses. Maintenant que nous avons pris nos responsabilités, nous ne devons plus revenir en arrière. J’ai été inspirée par le nombre de responsables masculins qui ont montré qu’ils étaient fiers de défendre cette cause. Le message que j’aimerais faire passer est s’il vous plait, ne restez pas silencieux. Élever la voix et utiliser votre influence pour inspirer les prochaines générations d’hommes à valoriser et honorer les femmes. Je quitte ce Sommet inspirée et pleine de détermination pour le futur. Nous ne parviendrons pas à éradiquer les viols en zone de guerre du jour au lendemain, mais si nous unissions tous nos efforts, si nous sommes capables de partager nos expériences et d’inspirer d’autres à nous rejoindre, si nous gardons à l’esprit chacun des survivantes que nous avons rencontrées ici et pensons à tous les activistes et les médecins qui retournent, non pas dans des bureaux confortables, mais en première ligne de cette lutte, alors je sais que nous trouverons la force de poursuivre cette mission pour l’avenir – et que nous pouvons et nous allons mettre fin à l’impunité. Merci."

Au delà des promesses affichées, cette conférence aura déjà donné lieu à au moins deux avancées. Elle a permis de libérer la parole dans certains pays où le sujet a longtemps été ignoré, voire dissimulé, et offert un point de repère précieux aux ONG, associations et militants qui y ont participé. Avoir entendu les promesses leur permettra de prendre au mot les autorités et de les mettre face à leurs engagements lors des années à venir.