Elle attire les superlatifs autant que les paparazzis. Beauté, carrière internationale, vie de couple épanouie, engagement humanitaire, Angelina Jolie a tout. Dans son dernier film, "Salt", un thriller musclé, l'ex-enfant terrible se met en danger. Confidences exclusives pour Madame Figaro, sans tabous, à son image.

Le lieu de la rencontre est classé top secret par le studio. Tout comme la véritable identité de son personnage d’espionne trouble – et double ? – traquée par ses supérieurs dans "Salt" . Cet après-midi, la piscine de l’hôtel inondée de soleil et bordée d’une mer turquoise accueille une attraction inédite. La mini-tribu Jolie-Pitt avec ses nounous et ses gardes du corps ! Car maman travaille.

Dans une suite isolée, la star nous rejoint d’un pas léger mais décidé, son sourire irrésistible aux lèvres. Beauté naturelle à peine fardée, peu concernée par la mode, elle vérifie, à notre demande, la marque de sa robe bleue, assortie à ses yeux. "Ferragamo", répète-t-elle, en pro. Accessible, d’un franc-parler inattendu, elle parle de carrière, de Brad et des enfants comme à un dîner de copines…

Madame Figaro. – Dans le passé, vous avez dit qu’être actrice était votre psychothérapie. En quoi Evelyn Salt, espionne poursuivie pour trahison, est-elle thérapeutique ?

Angelina Jolie. - Elle m’a déjà aidée à sortir de mon lit après la naissance des jumeaux. J’étais en mode maman, toute douce, au ralenti. M’entraîner pour ce film d’action était l’antidote idéal ! J’avais toujours rêvé d’incarner James Bond, pas une James Bond girl. La complexité de Salt me parle : forte comme un homme, mais dont le talon d’Achille est ceux qu’elle aime. Elle a été conditionnée, comme nous tous, par ses parents, ses professeurs, les pressions de la société. La question est de savoir si l’on suit un chemin prédéterminé ou si l’on décide de se réinventer, de choisir sa façon de penser et d’agir. J’étais ravie d’explorer ces thèmes dans un film grand public.

Quand avez-vous eu ce déclic ?

Probablement à l’adoption de Maddox. Il m’a rendue meilleure. J’ai ressenti la nécessité de le protéger, de lui éviter les difficultés que j’avais connues. C’était moi l’adulte désormais. Et j’avais le droit de l’élever à ma façon.

Comment parvenez-vous à cumuler votre carrière, votre fonction d’ambassadrice pour l’UNHCR et votre vie de famille ?

Le métier d’actrice m’offre beaucoup de liberté. Je ne travaille que cinq jours par semaine, et je tourne la plupart de mes films entre huit et quatorze semaines d’affilée seulement… La famille me rejoint souvent sur le plateau pour déjeuner et nous nous arrangeons, avec Brad, pour ne pas travailler en même temps. Il est papa à temps plein par intermittence. Et c’est un père tellement génial ! Je suis contente que les enfants puissent profiter de ces moments privilégiés avec lui.

Entre votre premier rôle d’action au cinéma, Lara Croft et "Salt", dix ans se sont écoulés… Votre regard sur cette décennie ?

À l’époque, je n’aurais jamais imaginé vivre un jour une relation aussi épanouissante et être la maman d’une famille nombreuse. Je ne m’attendais pas à aussi bien finir. J’ai eu une chance inouïe. Je me suis aussi affirmée dans ma carrière à Hollywood en prenant de la distance. En voyageant, j’ai découvert des souffrances plus grandes que les miennes, la guerre, la pauvreté, l’exil. En aidant les autres, mes priorités ont changé.

Comptez-vous arrêter le cinéma, comme le dit la rumeur ?

C’est étonnant, une rumeur à mon sujet, non ? (Rires.) Je n’ai plus 20 ans. Entre 35 et 40 ans, je compte enchaîner les grands projets. Comme Cléopâtre. Puis je passerai plus de temps à la maison, pour me consacrer à mes autres centres d’intérêt. Mais je n’abandonnerai pas le cinéma pour autant.

Pourquoi vouloir incarner Cléopâtre, quarante-sept ans après Liz Taylor ?

Les producteurs m’ont convaincue de revisiter son histoire. Contrairement à la légende, ce n’était pas une beauté comme Hélène de Troie, mais une intellectuelle qui parlait cinq langues. Une mère. Un leader historique, la dernière reine d’Égypte ! Elle me fascine. Le scénario est en cours d’écriture.

Vous dites qu’aujourd’hui, avec la spirale médiatique dans laquelle les jeunes actrices sont aspirées, vous n’auriez pas choisi ce métier. Qu’auriez-vous fait à la place ?

Pilote d’avion. De grande ligne ou pour l’humanitaire. Mais là, je vivrais probablement sous une tente et je n’aurais pas les moyens d’élever six enfants. Ou alors il faudrait que j’épouse quelqu’un comme… Brad Pitt ? (Rires)

Justement, on a murmuré que vous aviez failli vous marier à Venise, sur le tournage de The Tourist. Vous y songez ?

Seulement si les enfants devenaient très insistants. Cela ne fait pas partie de nos projets pour l’instant.

Qu’est-ce que vous aimez le plus chez Brad ?

Tout ! C’est un gentleman. Un père aimant, une personne très intelligente et, physiquement, c’est un homme, dans tous les sens du terme…

Votre mère, Marcheline, avait des origines québécoises. Vos enfants sont inscrits au lycée français de Los Angeles. Les aidez-vous pour leurs devoirs ?

Un peu, mais Maddox est déjà meilleur que moi en rédaction ! Nous parlions très peu le français avec ma mère. C’est pour cela que j’ai voulu que les petits l’apprennent. Mais Brad et moi avons pris des cours ensemble. Je comprends les conversations et les dialogues dans les films, mais j’ai du mal à parler.

Lesquels de vos enfants vous ressemblent, question caractère ?

Pax et Shiloh, qui est un garçon manqué, sont des casse-cou prêts à tout. Je sens qu’ils vont me faire payer les affres que j’ai fait connaître à ma mère.

Comment se passe leur éducation ? Qui fait la discipline ?

Les filles n’ont qu’à battre des cils… et leur père leur cède tout. Et je craque avec les garçons ! Je pense qu’il faut être le meilleur ami de ses enfants. Leur parler de la vie, les écouter. J’espère qu’en gagnant leur confiance, maintenant, ils auront envie de communiquer à l’adolescence, pendant leur période de turbulences. On verra… Au pire, je m’arrangerai pour qu’ils s’espionnent entre eux. Ils sont assez nombreux ! C’est mon plan B…

Comment faites-vous abstraction de l’œil des médias sur vous ? Comprenez-vous la fascination que suscite "Brangelina" ?

Nous ne lisons que la presse quotidienne, et nous nous informons sur des sites Internet respectables : ceux qui ne parlent pas de nous (NDLR : dont le Conseil pour les relations étrangères, site d’information indépendant, www.cfr.org) et nos amis nous épargnent les potins. Mais je ne comprends pas cette attention, non. Brad et moi, nous nous définissons juste comme papa-maman pour les enfants. Pas vraiment passionnant…

Source : Madame Figaro