Février 2014 - Liban

Angelina Jolie s'est rendue le 22 février au Liban pour une visite de trois jours afin d'attirer l'attention sur le sort des enfants syriens, et remercier le peuple libanais qui porte assistance aux réfugiés alors que le conflit entre dans sa quatrième année. Elle a rencontré des familles réfugiées et a pu s'entretenir avec les officiels libanais.

Le 23 février, elle a débuté sa mission en rencontrant des enfants syriens orphelins ayant fui vers le Liban et qui vivent désormais dans la plaine de la Bekaa. Il y 3 500 enfants non accompagnés, ou qui ont été séparés de leur famille, dont on sait qu'ils vivent au Liban. Angelina Jolie a déclaré : "Rencontrer ces enfants a été très émouvant. Ils ont perdu leur famille et leur enfance a été volée par la guerre. Ils sont si jeunes et pourtant ils portent le fardeau de leur réalité comme s'ils étaient des adultes".

L'accès à l'éducation est l'un des nombreux défis auxquels sont confrontés les réfugiés syriens. Ils luttent pour garder un logement, payer le loyer et accéder à l'eau. Angelina Jolie a rencontré un petit garçon qui a exprimé le souhait d'être médecin quand il sera grand. Ses frères et soeurs ont commencé à rire, expliquant qu'il n'avait pas compris ce qui lui était arrivé. "Comment peut-il devenir médecin dans une tente vide ? ont-ils demandé.

Tout au long de sa visite, Angelina Jolie a rappelé la contribution essentielle qu'assure le Liban en tant qu'hôte de la plus importante population réfugiée syrienne. Dans ce pays, le nombre de réfugiés enregistrés approche du cap d'un million. Le Liban, par rapport à sa population, connait le taux le plus important en termes de concentration de réfugiés, en comparaison de tout autre pays dans l'histoire récente. Ce pays est par ailleurs le théâtre de la plus importante opération du HCR à travers le monde. Si les Etats-Unis accueillaient un nombre comparable de réfugiés par rapport à leur population, le nombre de réfugiés s'élèverait à 75 millions de personnes.

Angelina Jolie s'est également félicitée de l'adoption de la résolution 2139 du Conseil de sécurité des Nations Unies et qui appelle les belligérants à lever les sièges des zones peuplées, à cesser les attaques contre les civils et à autoriser sans délai un accès humanitaire sans entrave. "Il s'agit d'une mesure attendue de longue date pour le bien de centaines de milliers de Syriens innocents, des hommes, des femmes et des enfants, qui sont pris au piège dans des zones difficiles d'accès à travers la Syrie". Elle a également souligné le besoin d'une résolution qui soit davantage qu'une simple déclaration sur le papier. "Elle doit désormais être mise en oeuvre - et cela nécessitera de la volonté politique et du courage. L'unité démontrée par le Conseil de sécurité ne doit pas être sans lendemain, mais elle doit plutôt initier une nouvelle phase pour faire cesser le conflit".

Le 24 février, Angelina Jolie s'est entretenue de la crise humanitaire avec le Président Michel Sleiman et le Premier Ministre Tammam Salam. Elle a rendu hommage au Liban pour son accueil généreux envers les réfugiés malgré ses propres problèmes internes. "La générosité et la solidarité démontrées par le Liban et les Libanais envers le peuple voisin sert d'exemple au monde, ce dont nous devrions être reconnaissants. Nous devons tous les aider à porter ce fardeau", a déclaré Angelina Jolie.

Cette mission constitue sa troisième visite au Liban depuis septembre 2012. L'année dernière, elle avait déjà rendu visite à des réfugiés syriens en Jordanie et en Turquie.

Juin 2014 - Thaïlande

Angelina Jolie a passé la Journée Mondiale du Réfugié en Thaïlande. Elle s'est rendue le 20 juin dans le camp de Ban Mai Nai Soi, à 2 km de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie dans la province de Mae Hong Son. Elle y a rencontré trois générations de réfugiés birmans d'ethnie karen, dont Baw Meh, 75 ans, et sa famille. Il s'agit de sa quatrième visite en Thaïlande.

Selon les estimations, 120 000 réfugiés birmans vivent aujourd'hui dans neuf camps en Thaïlande, certains depuis 30 ans. Depuis 2005, un programme de réinstallation à grande échelle a permis à 90 000 réfugiés birmans de recommencer leur vie dans des pays comme les Etats-Unis, l'Australie et la Suède. Angelina Jolie a déclaré que ceux qui restent ont besoin d'en savoir plus sur la situation en Birmanie avant de pouvoir prendre des décisions en toute connaissance de cause sur les prochaines étapes de leur vie. "Après avoir aidé les réfugiés à survivre en exil pendant trois décennies, la communauté internationale ne peut pas les laisser tomber à ce moment critique", a-t-elle déclaré.

Elle a souligné la nécessité de donner des compétences professionnelles aux réfugiés et de leur assurer une éducation pour un meilleur avenir. Il faut également aider la Birmanie à se préparer pour leur retour sûr et durable quand les conditions seront propices. "Après 30 ans d'exil, la meilleure solution que nous pouvons donner à ces réfugiés, c'est le droit et le pouvoir de choisir leur propre voie", a-t-elle ajouté. "C'est notre chance de bien faire les choses, de briser une fois pour toutes le cercle vicieux des conflits et des déplacements de populations".

Le nombre de personnes déracinées dépasse les 50 millions pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale. Le dernier rapport du Haut Commissariat des Réfugiés a relevé à 51,2 millions le nombre de réfugiés, personnes déplacées et demandeurs d'asile dans le monde entier, soit 6 millions de plus que l'année dernière. Cette augmentation s'explique par l'escalade des conflits au Moyen-Orient, en Afrique centrale et occidentale, ainsi que l'absence de solutions concernant les réfugiés existants. "La prévention des conflits armés devrait être une responsabilité collective de la communauté internationale", a-t-elle indiqué. "Cette hausse vertigineuse du nombre de réfugiés prouve que le monde ne parvient pas à s'acquitter de cette responsabilité. Cette situation est injuste et insoutenable à long terme. La seule réponse est de consacrer davantage d'efforts et de ressources pour régler les conflits dans le monde entier - il n'y a pas de solutions humanitaires à des problèmes politiques".

Angelina Jolie a également exprimé son inquiétude sur l'aggravation de la crise en Syrie et ses répercussions en Irak où une situation d'urgence humanitaire se développe actuellement avec des centaines de milliers de personnes fuyant le tout dernier chapitre d'une guerre vieille de dix ans. Certaines personnes pourraient être déplacées pour la troisième fois, après avoir fui vers la Syrie les violences sectaires en Irak en 2003. Ils avaient ensuite été contraints de rentrer en Irak l'an dernier, leur havre de paix étant devenu un champ de bataille, pour être à nouveau déracinés par la récente instabilité. "Ces dernières années, nous n'avons cessé d'alerter sur un débordement et les énormes conséquences que cela pourrait avoir sur la région", a-t-elle ajouté. "Il y a seulement quelques mois, je me suis rendue au Liban où les tensions le long de la frontière avec la Syrie étaient élevées. Lors de ma visite sur place, des affrontements ont eu lieu des deux côtés de la frontière. Désormais, en Irak, il y a des centaines de milliers de personnes fuyant un autre champ de bataille potentiel".

Parallèlement, la résurgence de la violence en République centrafricaine et au Soudan du Sud est à l'origine d'une hémorragie de réfugiés vers les pays voisins, ce qui place une pression supplémentaire sur une région déjà instable et qui contribue à une insécurité alimentaire croissante. "Les deux conflits en Syrie et en Irak sont devenus des menaces claires sur la stabilité de la région, affectant la paix et la sécurité au niveau mondial".

"Le nombre des réfugiés augmente plus vite que la capacité du monde à répondre à ces situations. L'aide humanitaire peut apporter un soulagement temporaire, mais elle ne peut résoudre les causes profondes de déplacements massifs", a-t-elle déclaré. "Aujourd'hui, plus que jamais, la communauté internationale ne doit pas juste montrer, elle doit également agir par une volonté politique d'arrêter et de prévenir les conflits".

L'alternative, a-t-elle prévenu, est une hausse vertigineuse du nombre de réfugiés qui resteront dans cette situation toute leur vie. "Plus de la moitié des réfugiés dont s'occupe le HCR sont déjà dans des situations prolongées", a-t-elle expliqué. "En moyenne, un réfugié passe 17 ans de sa vie en exil. C'est 17 ans d'incertitude, sans pouvoir rentrer chez soi ni se construire un nouvel avenir. Si nous ne parvenons pas à résoudre ces conflits actuels, nous verrons de plus en plus de réfugiés qui le seront pour toute leur vie. Ils ont besoin d'un soutien permanent de la communauté internationale et posent un danger permanent pour la stabilité".